(continue in English) – Dernière mise à jour : 4 janvier 2022

Un premier Fort Garry existait à Winnipeg, la capitale du Manitoba. En 1826 il fut en partie détruit par une crue de la rivière Rouge, il en reste aujourd’hui seulement le portail. En remplacement, la Compagnie de la Baie d’Hudson construisit Lower Fort Garry en 1830, 30 kilomètres, 20 miles, au nord de Winnipeg, pour servir de centre pour le commerce des fourrures. Malgré son allure militaire, le fort ne connut aucun combat, bien qu’il accueillît plusieurs fois des troupes dans les périodes de troubles.
La Compagnie de la Baie d’Hudson détenait le monopole du commerce des fourrures dans tous le nord du Canada. Les animaux sauvages étaient piégés par les membres des Premières Nations et les Métis, descendants des premiers Coureurs des bois, souvent des Français ayant épousé une autochtone. Les prises étaient ensuite présentées aux postes de traite qui en échange proposaient de nombreuses fournitures, faute d’organisation étatique, aucune monnaie ne circulait alors. De fait, le réseau des postes de la Compagnie constitua progressivement un début d’organisation administrative.
En pénétrant dans l’enceinte fortifiée, on se trouve face à une élégante résidence, tout en longueur et précédée d’une galerie. Tout comme les murs fortifiés et plusieurs autres bâtiments, la résidence fut construite en pierre, un luxe rare dans un pays où la plupart des habitations étaient en bois.
La visite de la résidence du chef de poste se fait en compagnie d’un guide en costume d’époque, s’exprimant aussi bien en anglais qu’en français. Les intérieurs ont été reconstitués au plus près de ce qu’ils pouvaient être au 19ème siècle. La sophistication de l’installation surprend, d’autant que la plupart de l’ameublement fut convoyé par canots depuis Montréal.
Le quartier des domestiques se situe au sous-sol, avec de grandes pièces servant tant au travail de la maison qu’au logement et au divertissement. Bien que plus rustique, il existait un confort peu courant à l’époque.
Le bâtiment des fourrures fut le premier à être construit avec la résidence, également en pierres. L’atelier des fourrures était au centre des opérations, c’est là que les trappeurs apportaient leurs fourrures, elles étaient alors examinées par des employés experts.
Les fourrures étaient ensuite entreposées au grenier où on finissait de les préparer avant de les conditionner pour le transport. Les peaux étaient pressées dans de gros ballots ou des tonneaux.
Le transport s’effectuait sur des canots de type York, contenant jusqu’à 6 tonnes de charge. Ils naviguaient vers le nord, à travers le lac Winnipeg puis les rivières rejoignant York Factory sur le rivage de la Baie d’Hudson. De là les bateaux assuraient la liaison avec Londres ou Montréal.
En échange des fourrures, les trappeurs pouvaient se fournir au magasin, il était destiné à couvrir tous les besoins de la chasse aux fourrures, puis des pionniers qui s’installèrent progressivement aux alentours.
Un entrepôt supplémentaire fut construit pour recevoir les marchandises arrivant d’Angleterre ou de Montréal et destinées à faire vivre la colonie constituée autour de Winnipeg, jusqu’à l’arrivée du chemin de fer à la fin du 19ème siècle.
Pour loger les employés assurant le fonctionnement du fort et les transports en canots, un bâtiment fut construit comportant de nombreux couchages.
Les membres des Premières Nations venaient au Fort pour échanger des fourrures et autres denrées contre ce qui était disponible dans les magasins de la Compagnie. Quelques-uns commencèrent à travailler pour la Compagnie et s’établirent à proximité.
La Compagnie se lança dans l’agriculture à grande échelle autour du fort, les fermiers et leurs familles s’établirent en dehors des murs dans des maisonnettes qui bientôt formèrent une sorte de village.
L’une des maisons se visite avec là aussi une reconstitution des conditions de vie de l’époque où malgré la présence du magasin du fort, les paysans produisaient eux-mêmes une partie de ce qui leur était nécessaire, comme les vêtements.
Les installations de Lower Fort Garry se visitent pendant les mois d’été, avec le soutien de plusieurs guides en costume, expliquant et interprétant pour les visiteurs les gestes du passé.
L’atelier du maréchal-ferrant a été recomposé de manière à donner une idée de son importance autrefois, alors que son rôle a pratiquement disparu aujourd’hui.
Pendant des décennies, Lower Fort Garry a soutenu le commerce des fourrures sur un territoire immense, centralisant les peaux collectées par une série d’autres forts le long des cours d’eau. Officiellement la concession du territoire fut transmise par l’Angleterre à la Confédération canadienne en 1870, peu de temps après sa naissance. Cependant la Compagnie de la Baie d’Hudson continua son activité économique et ce n’est qu’en 1951 qu’elle céda le Fort dans le but d’en faire un site historique.
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Ce lieu ressemble un peu à l’Ecomusée en Alsace.
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C’est probablement la même idée, montrer concrètement comment était la vie d’autrefois. Compte tenu de l’évolution des techniques et des habitudes, je trouve cela très enrichissant.
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We visited Lower Fort Garry a few times when I was a kid. I remember thinking it would be such a fun job to be one of the museum staff acting as if they were from the 1800s. They must have been pretty good to keep a bored child entertained in a museum.
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You are right, they are completely immersed in their world. I remember asking one of the guides where she learned such good French. Her answer about a small village where the French language is transmitted from generation to generation leaves me sceptical about her reference, is it current, or did she played a role.
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