Le Forum Humboldt est une institution culturelle de premier plan située au centre de Berlin. Nommé d’après les frères Alexandre et Wilhelm von Humboldt, l’un explorateur et l’autre philosophe. Le Forum est désormais installé dans l’ancien palais impérial reconstruit ces dernières années.

Il s’agit d’une plateforme favorisant les échanges interdisciplinaires, encourageant le dialogue entre l’art, la culture, la science et la société. Le Forum accueille des expositions, des discussions et des événements, il possède aussi des musées riches des collections nationales.

Les plus récentes collections ouvertes au public à la fin de 2022 concernent le Musée ethnologique. Les pays d’Afrique et d’Océanie, ainsi que les anciennes cultures d’Amérique du sud et du nord, rejoignent les présentations des arts asiatiques.

Renaissance du palais impérial

Occupant le bout de la perspective de l’avenue Unter den Linen commencée à la Porte de Brandebourg, le palais se trouve sur l’Ile aux Musées au centre de Berlin. Construit à l’origine au 15ème siècle, il fut souvent agrandi et il servait de résidence royale puis impériale aux monarques Hohenzollern.

Perdant sa raison d’être avec l’instauration de la république en 1918, le palais est endommagé lors des combats de la Seconde Guerre mondiale. Plutôt que de le restaurer comme d’autres bâtiments historiques, le pouvoir communiste en décide la destruction complète en 1950. En 1970, il est remplacé par une grosse structure soviétisante pour loger le Parlement.

Après la réunification, le Parlement de l’Allemagne siégeant au Palais du Reichstag, la construction de la période communiste fut à son tour démolie. Depuis de nombreuses recherches préparèrent la reconstruction fidèle de l’ancien palais impérial. C’est désormais un mélange de belles façades baroques recréées et d’installations intérieures très modernes.

Musée d’ethnologie

Les collections du musée d’ethnologie se sont progressivement déployées autour du deuxième étage du Forum Humboldt. Les régions du monde conservent leurs séparations, mais les visiteurs passent d’une zone à l’autre en réalisant un tour du monde en quelques heures. La présentation se veut moderne, sélectionnant les meilleures pièces pour mieux les expliquer, plutôt que de montrer une accumulation d’objets semblables.

L’Océanie est bien représentée dans les collections anciennes, l’Allemagne ayant eu des colonies dans la région, comme en Nouvelle-Bretagne, devenue une part de la Papouasie. Il y a aussi un rare ensemble de peintures australiennes contemporaines (1994) dans le style traditionnel, genre peu présent en Europe.

La Polynésie fait l’objet de reconstitutions dans de grands espaces de maisons et de bateaux traditionnels.

En Afrique, l’Allemagne chercha aussi à se constituer des colonies mais le Royaume Uni et la France occupaient déjà l’essentiel des terres. Au Cameroun il y eu cependant une implantation coloniale pendant quelques années. En 1918, à la fin de la Première Guerre mondiale, l’Allemagne se vit retirer la gestion de ses colonies. La présentation du Forum Humboldt questionne les responsabilités liées à la colonisation ainsi que le sort des artefacts obtenus par la force pendant cette période.

Le sort des Premières Nations d’Amérique du nord continue d’alimenter les controverses contemporaines. En établissant des systèmes de réserves, Canada et Etats-Unis ont favorisé la coexistence de deux sociétés parallèles qui ne parviennent toujours pas à se rejoindre.

Bien que parfaitement intégrées à leur milieu naturel, les populations de l’époque précolombienne ne laissent que peu de traces en l’absence de bâti durable. Le musée présente donc essentiellement des vêtements.

Contrairement au nord, les civilisations d’Amérique du sud ont laissé d’abondants vestiges. A travers les missions scientifiques, le fonctionnement de ces sociétés complexes commence à être mieux connu. Les ensembles monumentaux retrouvés suscitent aussi l’intérêt touristique moderne, apportant des ressources supplémentaires aux pays concernés.

Les collections asiatiques furent les premières à s’installer dans le nouveau palais impérial recréé, dès 2021. Elles sortaient d’un cycle de restauration en profondeur qui les rendait disponibles et en parfait état de présentation. Certains des objets de la collection pouvant dater du cinquième millénaire avant Jésus Christ.

L’Inde se trouve représentée à partir de l’abondante production de sculptures issues d’un panthéon religieux complexe.

Un trône impérial de la fin du 17ème siècle évoque les dynasties qui se succédèrent au pouvoir et firent de la Chine une grande civilisation à la riche production artistique.

Dans la partie consacrée au Japon, un salon de thé complète les œuvres d’art exposées. Des cycles de familiarisation à la cérémonie du thé sont ainsi organisés pour répondre à la curiosité des visiteurs. De précieux paravents de la période Edo au début du 19ème siècle ajoutent leur originalité à cette belle présentation artistique.